Validation du programme fédéral spatial russe 2016-2025 (PFS-2025)

Le programme spatial fédéral russe 2016-2025 a été validé le 17 mars dernier par le gouvernement. Compte tenu du contexte économique et budgétaire dégradé en Russie ce programme est beaucoup moins ambitieux que prévu initialement. Une première version proposée par Roscosmos en 2014 prévoyait un budget de 2 800 milliards de roubles (PPA), la deuxième version de 2015 prévoyait 2 000 milliards ; le budget finalement validé est ramené à 1 400 milliards (18.7 Mds€).

Ce nouveau PFS a été qualifié par les autorités russes elles-mêmes de « pragmatique ». Les réductions budgétaires ont été faites principalement au détriment du programme lunaire habité (report de l’envoi de cosmonautes russes sur la Lune et de construction d’une base lunaire), du projet de conception de lanceurs super-lourds (lié au programme lunaire) et du programme Angara (réduction de la variété des lanceurs de la famille Angara). Le programme scientifique n’a bien sûr pas échappé à cette restructuration. Ainsi les lancements de l’observatoire spatial « Millimetron » dédié à l’exploration du système solaire et du module « Gamma-400 » dédié à l’étude de la matière noire et des rayons gamma de haute puissance sont reportés à après 2025. Quant aux projets « Résonance » - étude de l’interaction des ondes électromagnétiques et des particules dans la magnétosphère terrestre - et « Interhelioprobe » - étude du soleil et des vents solaires - ils disposent encore d’un budget dédié, mais les lancements sont là aussi reportés à après 2025.

La priorité du nouveau PFS est d’assurer les obligations internationales de la Russie (vols habités, ravitaillement de l’ISS) et de maintenir au niveau les constellations de satellites d’application. Par ailleurs, une partie importante du budget prévu pour le programme Angara est redirigée vers le projet de lanceur « Phenix » de fabrication exclusivement russe destiné à remplacer le lanceur ukrainien « Zénith » et qui comprend l’élaboration d’éléments de base des futurs lanceurs russes super-lourds.

Les autorités russes espèrent compenser ce tour de vis budgétaire par un plus grand investissement des sociétés spatiales. Le PFS prévoit ainsi un financement extrabudgétaire à hauteur de 273.3 milliards de roubles (environ 3.6Mds€) sur les 10 ans. Pour exemple, les opérateurs de communication seront censés financer la fabrication de leurs satellites en puisant dans leurs recettes commerciales.

Les sources de financement du spatial russe : Rappelons que le budget global alloué au secteur spatial comprend le budget décennal du PFS auquel s’ajoutent le budget alloué aux cosmodromes dans le cadre du programme fédéral ciblé « développement des cosmodromes 2016-2025 », le budget alloué au système de navigation Glonass dans le cadre du programme ciblé « maintien, développement et usage du système Glonass 2012-2020 », le budget du sous-programme « projets d’innovation prioritaires de l’industrie spatiale » et enfin le budget du sous-programme « soutien à la réalisation des programmes publiques ».
Pour l’année 2016, le budget global alloué au spatial a été fixé à 209.7 milliards de roubles (2.8Mds €), dont 104.6 milliards (1.4Mds €) au PFS, 53.3 milliards à Glonass et 37,4 milliards aux cosmodromes. Cela constitue une augmentation brute de 13.7 % par rapport au budget spatial global 2015.

Rédacteur : Guilhem BOIVIN

publié le 17/11/2016

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